GUERRE EN UKRAINE: mission humanitaire réussie.
11 véhicules humanitaires constitués de 25 bénévoles de l’association « Lille aide l’Ukraine» sont partis de Lille pour la Pologne, vendredi dernier à 20h. Les bénévoles ont acheminé de l’aide humanitaire et ont aussi ramené en France, dimanche dernier, 35 réfugiés ukrainiens bloqués à Wroclaw et à Przemyśl, une ville polonaise frontalière de l’Ukraine.
Ce qui a motivé nos bénévoles
Des “histoires familiales”, des “images insupportables” ainsi que des “expériences personnelles”, plusieurs raisons ont amené les bénévoles à parcourir 1625 kilomètres pour secourir des Ukrainiens en détresse.
« Je voulais faire partie du convoi parce que j’ai des origines ukrainiennes. Mon grand-père, décédé, est Ukrainien. Il a quitté l’Ukraine pour la France à l’âge de 25 ans. Il n’a plus revu sa famille,» a témoigné Iwanow Agathe, une Franco-ukrainienne de 35 ans et assistante maternelle à Wervicq-Sud.
Au sein de «Lille aide Ukraine» , une association lilloise en cours de création, son rôle est de mettre en relation les familles d’accueil françaises avec des réfugiés ukrainiens.
« Avec mon papa qui devait participer à une émission ukrainienne appelée « perdu de vue » en avril, on était en train d’essayer de trouver notre famille en Ukraine,» espérait-elle.
Même si « tout ça tombe à l’eau et qu’on se dit qu’on ne les reverra plus jamais,» cette mission permet à la trentenaire de renouer avec son passé.
« On est touché et on veut aider les autres » a-t-elle poursuivie.
S’engager de plusieurs façons
« Mes grands-parents ont vécu la guerre et ils m’ont raconté beaucoup de choses. Sauf qu’à l’époque, il n’y avait pas de médias comme aujourd’hui ou des images circulent énormément», témoigne Yann Mortelette, bénévole français de 39 ans et consultant marketing en Belgique.
S’il a choisi d’aider des ukrainiens, ce n’est pas qu’il veut « privilégier des réfugiés ukrainiens plus que les autres, mais parce que l’Ukraine est plus proche et ce n’est pas le même budget qu’aller à un autre bout du monde.»
Ce dimanche, Yann a aussi décidé de « griller » l’élection présidentielle en France pour aider parce que l’humanitaire pour lui « c’est aussi une autre forme d’engagement.»
« Je ne vois pas comment l’élection française peut arrêter la guerre en Ukraine.» S’est-il convaincu.
En plus, le voyage a été programmé très tardivement, « ma femme et moi n’avons pas eu le temps de faire des procurations » a t-il conclut.
Des images insupportables
Pour Michel, un autre bénévole français et maître de conférence à l’Université de Lille, « dès le début de l’offensive russe, quand on a vu les dégâts que ça causait au niveau de la population, avec le poids des photos rapportés par certains médias, on a eu envie d’aider. »
Mais l’élan de générosité de l’enseignant est plutôt un héritage familial, une action qui, dit-il, « s’est imposée à lui.»
« L’histoire remonte à mes parents et grands-parents» a-t-il témoigné, après une escale du convoi humanitaire dans une station service en Allemagne.
Dans son élan d’humanité, Michel a même décidé d’aller plus loin. La semaine prochaine, sa femme et lui vont accueillir une Ukrainienne accompagnée de son Chien.
Le coeur sur la main
« Ce n’est pas la première fois que j’aide des réfugiés. En 2019, j’ai croisé un réfugié venant d’un pays d’Afrique. Il était pieds nu avec de la boue partout sur le corps. Je l’ai ramené chez moi et je lui ai donné de l’eau pour se laver.», a déclaré Van de Castel Frédérique, bénévole de 52 ans et enseignante à Tournai.
« Depuis, je suis sensible à tout ce qui est réfugié » a-t-elle ajouté.
Motivé par un reportage TV
Contrairement à Frédérique, Jérôme Barrois, 45 ans, chef de projet en informatique à Lille s’est engagé après avoir suivi un reportage sur France 3.
« Un des convois a été filmé accompagné par un journaliste. Ça m’a donné envie d’accompagner un autre convois. » confie t-il, fièrement.
Ce qui a motivé Dhalluin Stéphane, 67 ans et son épouse Odile,64 ans, à s’investir, c’est parce qu’ils se sont « senti touché par ce qui se passe en Ukraine. On ne savait pas trop quoi faire, donc on a regardé sur Facebook et j’ai vu que l’association Lille aide Ukraine faisait des convois et on s’est dit que ce serait une bonne manière de mettre notre pierre à l’édifice. On a envoyé un message à Laurent, il nous a dit qu’il partait le lendemain.» confie le couple.
« Face à ce qui se passe, ce n’est pas possible de rester sans rien faire » s’est-il exclamé.
« J’étais bêtement devant la télé et je me suis rendu compte que pendant que j’étais là, tranquille chez moi, au chaud, il y avait des gens qui traversaient des frontières, des gens qui mouraient » a déclaré Tony, agent de sécurité à Lille.
« Je vais aller là-bas pour aider des femmes et des enfants avant tout. Quand vous regardez dans leurs yeux, vous voyez qu’il y a encore de l’espoir, la vie qui continue, ça vous donne envie de bouger » a-t-il poursuivi.
Comme Iwanow Agathe, Yona*, 23 ans, a des attaches familiales en Ukraine. « Je vais là bas voir ma famille et pour aider »
« Mon petit ami est aussi resté en Ukraine parce qu’il est interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays » a poursuivi la bénévole. Elle avait fui la guerre et rejoint sa mère qui vivait à Roubaix bien avant l’invasion de l’Ukraine.
« Mon petit ami est aussi resté en Ukraine parce qu’il est interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays » a-t-elle poursuivie.
Les bénévoles comptent multiplier leurs actions humanitaires et retourner en Pologne dans quelques semaines.
*Nom d’emprunt