Kyiv demande à sa population de quitter l’est du pays au plus vite.

par 6 Avr,2022Témoignages

Iryna Vannykova, journaliste ukrainienne, maintenant en sécurité à Lille, nous raconte le chemin qu’il a mené à Lille.

En ce quarante deuxième jour de guerre, Iryna et ses deux filles sont aujourd’hui à l’abri. Rencontrée une semaine plus tôt le vendredi 1er avril 2022 à brasserie de la Paix à Lille, Iryna nous racontait son périple de l’Ukraine à la France. Si nous l’avions rencontré aujourd’hui, elle vous aurait dit qu’elle le présageait, elle qui nous décrivait la situation dans son pays comme un génocide envers son peuple. Et les images de Boucha nous l’ont confirmé. Journaliste primée, Iryna Vannykova a également été l’attachée de presse du président Viktor Iouchtchenko entre 2006 et 2010. Depuis le 11 mars, Iryna se trouve à Lille après avoir mis sa famille en sécurité depuis leur maison à Kiyev.

 

Récit d’un départ précipité de Kiev à Lille

A Lille autour d’une assemblée attentive composée des membres de la British Chamber of Commerce l’écoute était bienveillante. Elle a trouvé refuge chez son ami Nik et nous parle de son Ukraine : de son départ le cœur serré de Kiev à sa nouvelle maison à Lille.

 

Iryna et ses filles – Kiev

 Iryna Vannykova, comme tant d’autres ukrainiens, a dû fuir son pays dans la précipitation. Cette nuit du 24 février, les murs de son appartement à Kiev se mettent à trembler. Elle va voir ses filles dans leur chambre pour leur parler doucement. Elle leur a juste dit : « je suis désolée, je crois qu’une guerre commence, vous pourriez penser à préparer vos bagages ». A 5h du matin, elle regarde par la fenêtre, ses voisins s’affairent, remplissent le coffre des voitures et les enfants. Elle décide tout de même de partir à pied au travail, plus de transport en commun. Elle parcourt les 13 km qui la sépare de son bureau, sa dernière journée avec ses collègues.

 Une guerre inimaginable

La veille, avait-elle imaginé les attaques russes ?  Jamais. Elle pensait que des actions pourraient être menées mais pas à ce point. Elle raconte cela sereinement alors qu’elle a trouvé un toit du réconfort auprès d’un ami à Lille. Et pourtant dans ses yeux, on ressent le chagrin qui l’empare.  Elle a laissé derrière elle son mari, comme tout homme majeur, et sa maman qui ne voulait pas quitter son pays. Dans la vraie vie, la vie qu’elle aimait, qu’elle chérissait, elle était journaliste et animait un programme quotidien Tvei Den’ sur les affaires courantes diffusé sur la première chaîne nationale. « J’ai été chassée par les bombes et Poutine » raconte-t-elle. Son vœu le plus cher : retourner auprès de ses proches, retrouver son foyer, reconstruire le pays. Imaginez ce qu’il se passe dans sa tête… Elle ne le dira pas. On sait.

 

Jour deux : Iryna fuit la guerre

 

Premier jour de guerre, elle se trouve dans les bureaux de sa chaîne TV, « tout le monde est calme » dit-elle. Très inquiète pour ses deux filles, elle les appelle régulièrement, elles sont en pleur. Le soir en rentrant à la maison, comme tant d’Ukrainiens que nous voyons dans les médias, elle se protège dans le parking sous-sol de son immeuble. La situation n’est pas tenable. Elle embarque ses filles, son chien et son Hamster dans la voiture et part se réfugier chez sa maman en campagne à proximité de Kiev. Tout est calme pendant quelques jours. Puis une bombe explose à côté du jardin, « on a eu du mal à rejoindre l’abri » et elle rajoute « quand des missiles sont tirés en Ukraine, toutes les alarmes du pays sonnent, impossible de savoir d’où elles sont tirées et où elles vont atterrir ». Un récit qui donne la chair de poule.

 

Des débris de bombes éparpillés dans le jardin de sa maman, Irina a deux choix : le travail ou sa famille. Elle sait qu’elle n’a qu’un devoir, protéger ses filles. Sa maman ne désire pas quitter sa maison. Elle prend sa voiture pour un voyage de sept jours jusqu’à la frontière. Arrivée au bord de la Pologne, une file interminable de voitures, le passage vers l’Europe leur prend 14 heures. Et malgré cela, elle s’estime chanceuse. De nombreux réfugiés sont à pied avec un seul bagage à la main. Ces images on les connait. Aujourd’hui, Irina et ses filles sont choyés par leur ami Nik et pourtant il reste encore beaucoup à faire.

 

L’avenir de sa famille à Lille

 

Iryna est arrivée à Lille dans un pays dont elle ne connaît pas la langue. Elle parle anglais et russe, ses deux adorables filles également. Âgées de 17 et 19 ans, ses filles étaient scolarisées en Ukraine ; L’ainée est étudiante et elle a la chance de pouvoir suivre ses cours en visio. Sa cadette est lycéenne, elle a pu également intégrer une école internationale à Lille. Les deux adolescentes ont besoin de cours de français, elles commencent à en suivre « Je sais maintenant compter jusqu’à dix en francais » se confie Masha avec le sourire dans un anglais parfait. Irina, elle, a quitté son travail de journaliste. Afin de se reconstruire et de subvenir aux besoins de sa famille, elle a besoin de travailler en France. Pas facile quand on ne parle pas la langue. Quelle démarche effectuer ?  Comment s’intégrer dans la société française ? Il reste à Iryna encore du chemin à parcourir, jusqu’alors, elle a mis en place une cagnotte pour récolter des dons. Lille Aide l’Ukraine a pour mission de venir en aide à Iryna, Olga, Natalya, Hanna… à toutes ces familles qui du jour au lendemain ont tout quitté pour vivre dans un pays inconnu. Organiser des convois humanitaires pour rapatrier des familles, c’est la mission que nous nous sommes donnés.

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